Alessandra a 1 an.

Déjà. Un an.

Je ne sais pas vraiment comment vous la présenter. Elle est moi, mais en version évoluée. Comme un Pokémon, en quelque sorte. C’est moi sans peur, avec le courage et la foi. Avec beaucoup de rage, aussi et surtout. Elle est la colère souterraine.

Elle est née il y a un an, jour pour jour. Avec l’étrange coïncidence d’éclore à la date même de la journée internationale pour l’élimination des violences faites aux femmes. Ce n’était pas prévu, mais cela m’apparaît finalement comme un heureux signe du destin.

À vrai dire, pendant un cours de la veille, une des mes  professeurs avait évoqué l’importance du nom au Moyen Âge : « nomen est omen » (« le nom est un destin »), c’est-à-dire que sans nom, on n’est personne, car c’est lui qui définit la personne. Bien évidemment, cela a fortement résonné en moi qui ai été réduite au néant pur. Plus d’identité. J’ai été dénaturée. Pendant cette journée, je me suis longuement questionnée sur ce destin. Quel était le mien désormais ? Et le soir même, je me suis couchée en me demandant quel était mon nouveau nom, considérant que mon subconscient me connaît mieux que moi-même, et donc qu’il a la solution parfaite à tout. Et j’ai attendu de rêver, de recevoir le message.

Le Musée Gallo-Romain de Fourvière + une bibliothèque abritant quelques livres aux couvertures parme et taupe = bibliothèque d’Alexandrie. Alexandre. Alexandra. Alessandra. Nouveau nom trouvé. Nouvelle image, nouvelle énergie.

Mais ça n’a pas été aussi simple que cela. Si Alessandra avait toute la force léonine du conquérant antique, la carcasse du félin qui allait avec pour recouvrir ses cheveux roux bouclés – probablement hérités d’une certaine Boudicca -, moi, j’avais toujours peur. Moi, au fond de mon être, j’allais toujours mal. Je n’étais toujours rien. Je n’étais pas devenue Alessandra. Non, c’était elle qui me possédait par intermittence. Elle qui restait sous-jacente, à chaque instant. Mais j’ai gagné un gros bouclier. Elle émerge et se balade dans mon corps quand j’en ai besoin, quand je ne supporte plus. Quand je craque. Elle, supporte. Elle, ne sent ni ne ressent. Solide, grande, ardente. Invincible. Alessandra, c’est la fortitude.

Tristement, elle semble disparaître en ce moment. Depuis que j’ai commencé à vraiment avancer sur le chemin de la salvation. J’espère bien être en train de fusionner avec elle, de l’intégrer à mon propre être, et non pas de la perdre. J’en ai bien trop besoin. Une grande victoire serait de devenir une Alessandra non-violente, non-souffrante.

Photo.

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