Le Goût des Merveilles

Eh oui ! Je reviens, encore une fois, vous parler d’un film (promis, la prochaine fois, on parlera d’autres choses ! ^^) mais, comme je vous l’avais dit dans mon article sur les 10 films qui m’ont marquée, j’avais vraiment envie de voir Le Goût des Merveilles. Et voici le verdict !

.Sorti le 16 décembre 2015 – Réalisé par Eric Besnard.
Comédie . Romance
Durée : 1h40
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Synopsis
« Au cœur de la Drôme provençale, Louise élève seule ses deux enfants et tente de préserver l’exploitation familiale. Un soir, elle manque d’écraser un inconnu au comportement singulier. Cet homme se révèle vite différent de la plupart des gens. Et sa capacité d’émerveillement pourrait bien changer la vie de Louise et de sa famille. »  [Allociné]

Je sors à peine de la séance à laquelle je me suis rendue en compagnie de ma mère et de mes grands-parents. Et, à vrai dire, je suis tellement remuée par ce film que je ne sais pas du tout par où commencer. La réalisation me semble sans défaut, et le jeu des acteurs est remarquable – saluons au passage la performance de Benjamin Lavernhe (de la Comédie Française) qui joue le rôle de Pierre, l’autiste Asperger.

Aussi, l’approche du syndrome dont je suis atteinte est ce que je retiendrai le plus de ce film. L’hypersensibilité. Certes, bien d’autres caractéristiques sont présentes ; d’ailleurs, ma mère et ma grand-mère m’ont bien fait savoir qu’elles m’avaient reconnue dans de multiples aspects de la personnalité de Pierre (et ma mère a même évoqué l’idée de faire visionner le film avant le début de « mon » procès pour expliquer aux jurés ce qu’est exactement le syndrome d’Asperger, c’est dire !). Mais le foisonnement de détails, poétiques, lié à ses perceptions m’a fait énormément de bien.

On rentre dans la tête de Pierre – enfin, moi, j’y suis déjà un peu – ou plutôt dans ses perceptions sensorielles. Le réalisateur montre ce que le personnage voit, fait entendre ce qu’il entend – nous fait presque sentir, goûter, toucher ce qu’il sent, goûte et touche. Les beautés de la nature qui nous happent mais à côté desquelles le reste du monde passe tout le temps sans jamais les voir ou les considérer – avec de belles image de cette région que j’aime tant (et c’est bien étrange de reconnaître des lieux qu’on fréquente plus ou moins souvent sur grand écran !). Mais aussi toutes ces agressions nauséabondes que l’on subit constamment mais qui ne gênent aucunement les autres. Et je suis bien triste que ce ne soit pas ce que ma famille en a retenu (surtout ma mère qui parle TRÈS fort !).

Ma grand-mère est totalement passée à côté de l’aspect contemplatif du film. Elle a trouvé les scènes de nature trop longues, comme si c’était pour combler le vide. Non, c’est ce que moi, je vois quand je me promène dans la nature ; ce que j’y apprécie. Ce n’est probablement pas pour rien que j’aime tant la macrophotographie. Sans même parler du bruit des insectes..

Ma mère et elle ont également précisé que contrairement à Pierre, j’étais une Aspie « légère », que j’étais « moins touchée » parce que ça se voit moins.

Cette remarque m’a vraiment fait mal.

Oui, ça se voit moins quand je marche dans la rue ou quand je parle. Ce n’est pas pour autant que je suis « moins Aspie ». J’ai l’impression qu’elles n’ont toujours pas compris que je suis de sexe féminin et que chez les femmes, le syndrome est moins visible (et donc moins bien diagnostiqué) que chez les hommes. Sans oublier que dans 90% des cas de contacts sociaux stressants, je suis dans l’état de Pierre lors de son évaluation avec la psy, c’est-à-dire muette. Et je fais des crises d’angoisse bien pires que la sienne lors du presque-accident de voiture. En fait, je fais des effondrements émotionnels que je m’efforce de cacher à ma famille ; sinon, ils me collent, me stressent et aggravent les choses (surtout ma grand-mère).

Ce n’est pas parce que ça ne se voit pas que ça n’existe pas. Et ce n’est pas parce que certains minimisent (voire nient pour deux psychiatres que j’ai très peu apprécié rencontrer) un diagnostic qui m’a littéralement libérée, rassurée, rendue une part de mon identité, permis de mieux me connaître et donc de mieux me gérer, un diagnostic qui a expliqué tellement, tellement de choses à mon propos, que je colle moins au profil. Et surtout que je ne souffre pas.

Je ne sais pas ce que les autres Aspies – et Aspergirls en particulier – en pensent, mais personnellement, je vis toute minimisation de mon syndrome d’Asperger comme une négation d’une énorme partie de moi-même, et de toute la souffrance qui va avec. Sociale, sensorielle. Et toute cette fatigue…

Bref, je vais arrêter de me plaindre, là. Il est déjà 1h15 du matin et justement, je suis bien fatiguée – et je m’excuse aussi de m’être autant éloignée du film.

J’aimerais juste que l’autiste-bête-de-foire disparaisse définitivement de l’esprit des gens et qu’il soit remplacé par ce cher Pierre. Je ne sais pas si c’est l’image parfaite de l’Aspie (y en a-t-il vraiment une ?), mais c’est aujourd’hui celle qui me semble la plus juste et, surtout, celle que je préfère. Je ne peux donc que vous conseiller ce film.

En tous cas, merci au réalisateur. Merci à toute l’équipe du film de donner à voir au grand public un aperçu de ce que c’est, vu de l’intérieur.

Photo.

Mise à jour (08.01.2016) : un excellent article qui pourrait expliciter certaines choses, et apporter des informations supplémentaires quant à l’autisme.

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