À toi qui m’as violée, aussi

_______________ 31 mai 2017 _______________

Ce n’est pas avec une grande joie que je t’écris ceci. En fait, j’ai l’impression d’avoir un magma infâme qui bouillonne dans mon estomac et dans ma gorge ; et j’ai juste besoin de le vomir, pour éviter de sombrer avec.

J’aurai mis du temps à l’admettre… À le réaliser d’abord, puis à l’admettre. Je pense que c’était plus facile pour moi de me dire que l’étranger, vieux et répugnant, m’avait violée. Plus difficile de prendre conscience que l’une des personnes que j’estimais le plus au monde l’avait fait aussi. Que même, peut-être, c’était parce que cette personne l’avait fait en premier que j’avais été assez fragilisée pour ne pas réagir ensuite à l’agression du dit étranger.

Au-delà de ton homophobie et de ta misogynie ordinaires, de ton racisme assumé, et du manque cruel de respect que tu as pu me témoigner, la morsure était de trop. C’est elle qui m’a définitivement réveillée. Alors je vais mettre les choses au clair, et j’aimerais que, pour cette fois, tu m’écoutes réellement :

Non, je n’étais pas d’accord la première fois, quand tu as enfoncé ton doigt dans mon anus, à sec, sans prévenir, alors que je t’avais déjà répété plusieurs fois que je refusais l’anal. Mais tu t’en foutais.

Non, je n’étais pas d’accord la deuxième fois, quand tu as enfoncé dans mon rectum ce vibromasseur – sans base, et donc dangereux -, alors que tu pénétrais déjà mon vagin. Je te l’avais dit, mais tu t’en foutais.

Non, je n’étais pas d’accord la troisième fois, quand tu as pincé et tiré plusieurs fois sur mes seins déjà endoloris par mon SPM. Quand tu as mordu ma petite lèvre droite, par surprise, puis que tu as tiré dessus avec tes dents. Sous l’effet de la douleur, je n’ai même pas émis un son. J’étais complètement immobilisée. Tu t’en foutais. Quand j’ai réussi à reprendre mon souffle, à parler, te dire que ça faisait mal, tu ne t’es pas excusé. Tu t’en foutais.

Rassure-toi, je ne porterai pas plainte contre toi – je suis déjà bien assez usée par une seule procédure judiciaire et les assises qui sont encore à venir. Je n’ai pas besoin d’un second procès. Je suis déjà littéralement épuisée de devoir survivre. Mais fais attention, tu détruis des gens – je sais que je ne suis pas la seule dans ce cas-là, et je ne souhaite à personne de tomber sur toi. À force de te foutre de tout et de tout le monde, et surtout de tes partenaires, tu finiras par provoquer ce que tu redoutes : l’une d’entre elles ne se laissera pas faire, l’une d’entre elles portera plainte. Je sais que c’est tristement la seule chose qui pourrait te faire réagir.

Et tout aussi tristement, tu as été ma première fois. Enfin, plusieurs premières fois, depuis mes 14 ans. Et de tous les souvenirs que j’ai de toi, il ne ressort désormais plus que du dégoût. Et de la colère. Je ne vais pas te le cacher : je suis très en colère envers moi-même. Même si je sais pertinemment que j’étais « neurologiquement » incapable de parler et anesthésiée par la peur, et par l’angoisse de la situation, je m’en veux de t’avoir fait confiance, de t’avoir laissé me faire tout ça. Et encore, ce n’est là que la partie sexuelle de l’iceberg – le pan purement psychologique et relationnel est bien plus large, tout aussi laid, et m’a gratuitement ruinée.

C’est pour cela qu’aujourd’hui, je mets un point final à cette utopie qu’est notre amitié. J’ai toujours cru que je ne la méritais pas, et c’était profondément ridicule ; maintenant, j’ai conscience que je mérite mieux que ce que tu as été capable de me proposer jusqu’à aujourd’hui. Même si je sais que tu es capable de mieux, tu n’en as pas envie – pas même envie d’essayer.. Je n’ai plus qu’à accepter le simple fait d’avoir beaucoup perdu avec toi.

.Tu m’auras fait souffrir pendant 8 ans. Et je suis sûre que tu t’en fous.

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Celle que tu t’es amusé à piétiner alors qu’elle voulait juste être ton amie

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PS : Dans toute relation, chacun a sa propre part de responsabilité. J’ai probablement fait des faux pas et je ne m’en excuserai pas. Parce que j’ai toujours fait du mieux que je pouvais avec toi ; j’ai fait beaucoup d’efforts, là où tu n’en as jamais fait.

PSS : Karma’s a bitch.

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À vous qui n’êtes pas les destinataires de cette lettre,

Je m’excuse de cet étalage peu réjouissant, j’avais prévu un autre article pour aujourd’hui. Mais j’ai craqué. J’ai vomi tout cela en fin de soirée, j’ai sangloté mes tripes toute la matinée suivante. Et depuis je me sens libérée d’un véritable poids. C’est comme si j’avais arrêté de me mentir à moi-même.

Pour moi, cette lettre ouverte est un épilogue. Et un nouveau départ, très loin de lui.

Prenez grand soin de vous – vous êtes bien plus précieux•ses que vous ne le pensez.

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June.W

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Photo.

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2 Commentaires

  1. Tu as raison d’écrire ces mots si cela te libère! Et on a peut être tous notre part de responsabilité quelque part, mais ne culpabilise surtout pas! Il n’a pas respecté tes désirs, c’est lui qui est entièrement en tort, point final!

    1. Merci.. La culpabilisation, c’est un peu l’une de mes spécialités. Du coup, je mets beaucoup d’énergie à me débarrasser de ce sale réflexe. Mais ça me fait du bien d’enfin réussir à faire table rase d’un pan aussi lourd de ma vie (c’est aussi à cause de lui que j’ai commencé à me mutiler au lycée, tu vois..). J’ai vraiment envie d’être optimiste pour la suite 🙂